Karanes... Tu t'étais promis de ne plus jamais y remettre les pieds depuis la mort de Franz. Cet endroit te rappelait trop de souvenirs. Cependant, aujourd'hui, tu y étais. Tu ne pouvais pas refuser de soigner un cheval malade ou blessé. Il devait souffrir, le pauvre. Tu avais donc pris ton courage à deux mains, remplit ta gourde de rhum et tu t'étais dirigée vers le district. En quatre ans, rien n'avait changé, si ce n'est qu'il y avait de nouvelles têtes. Et il y avait certainement des anciens qui n'étaient malheureusement plus de ce monde.

Une fois arrivée devant le QG du bataillon d'exploration, tu descendis d'Orion, ta fidèle monture. Tu en profitas également pour boire une gorgée de rhum blanc pour te donner davantage de courage. Tu en avais vraiment besoin. Surtout pour mettre les pieds dans cet endroit. Prenant les rênes d'Orion entre tes doigts, tes pieds firent les premiers pas en direction d'un individu qui semblait t'attendre à l'extérieur. Peut-être qu'il s'agissait de la monture de cette personne qui était malade? Peu importe. Que l'on te dire le plus rapidement possible où se trouvait l'animal pour que tu puisses foutre le camp au plus vite! « Pardonnez-moi du dérangement, mais on m'a dit qu'un cheval était malade. Je suis ici pour le soigner. Pouvez-vous me dire où il se trouve? » Bon, d'accord, il devait certainement se trouver dans l'écurie, tu t'en doutais bien. Sauf qu'il n'y avait pas que ce cheval non plus. Il devait bien y en avoir une trentaine! Comment faire pour savoir qu'il s'agissait bien du bon?

Tu observas un peu les alentours, te demandant si tu allais reconnaître quelqu'un. Sauf qu'en même temps, tu n'avais pas particulièrement envie de leur parler. C'était déjà assez pénible d'être ici. D'ailleurs, tu semblais quelque peu mal à l'aise. Orion poussa doucement ta tête avec son museau pour te réconforter, ce qui te fit sourire et, doucement, tu caressas son encolure.
   

La femme que tu avais interpellé ne semblait pas vraiment de bonne humeur. Bon, tant qu'elle répondait à ta question, ce serait déjà bien. Et heureusement pour toi, elle semble savoir de quel cheval tu parles puisqu'elle te montre le chemin. La monture se nommait donc Ablette. Ablette... Pourquoi est-ce que ce nom te disait quelque chose?

La soldate se remit en route d'un pas rapide et tu la suis, plus lentement. Tu étais pressée, certes, de partir de Karanes, mais... ce n'était pas une raison pour courir non plus. Tu finis par la rejoindre dans l'écurie et elle te présente l'animal qui était la raison de ta présence ici. Doucement, tu t'en approches et tends ta main pour caresser son encolure. « Pouvez-vous me dire ce qui inquiète son maître? » C'était toi, la vétérinaire. Tu étais celle qui devait le soigner, mais tu ne pouvais pas le faire sans connaître la raison de ta présence. Si la femme pouvait te décrire un peu les symptômes qui avaient inquiété son maître, cela faciliterait ton examen. Tu ouvris alors la porte et pénétras dans le boxe dans lequel tu déposas ton sac.

   

Garviel...? Tu souris en entendant ce nom, quelque peu amusée. C'était pour cette raison que tu avais l'impression d'avoir déjà entendu le nom Ablette quelque part. La soldate t'expliqua alors que le cheval semblait apparemment plus lent et qu'il mangeait moins. Tu hochas la tête et tu commenças à examiner l'animal, le palpant principalement au niveau de son estomac pour essayer de mieux comprendre ce qu'il avait. Elle te demanda alors s'il y en aurait pour longtemps. Sans la regarder, tu lui répondis. « Ne vous inquiétez pas. Si c'est vraiment juste une indigestion, ça ne prendra pas trop de temps. » Tu lui jetas ensuite un petit coup d'oeil. Visiblement, elle semblait pressée. Comme si elle avait quelque chose à faire. Tu soupiras faiblement.

« Si Garviel était là, ce serait plus simple. Vous ne seriez pas obligée de rester avec moi. Vous semblez pressée. » Tu te rendis alors compte que tes propos pouvaient être mal interprétés. Plutôt que de l'appeler lieutenant, tu utilisais son prénom. « Je connais Garviel depuis longtemps. Il m'a aidé à surmonter le deuil de Franz. » Tu ne savais pas si cela lui dirait quelques choses, mais peu importe. Tu poursuivis ton examen, faisant petit à petit, le tour de l'animal. Comme tu le pensais, ce n'était rien de sérieux. Ablette avait probablement manger quelques choses que son estomac ne parvenaient pas à digérer. Si ce n'était que cela, tant mieux! Cela voulait dire que tu pourrais partir plus rapidement d'ici!
   

Garviel ne tenait pas vraiment en place, c'était un fait, et cela te fit sourire lorsqu'elle t'en parla. Il n'avait pas changé en quatre ans. Tu te redressas finalement après avoir terminé d'examiner le cheval et tu t'étiras un peu. Être accroupie trop longtemps, ce n'était pas bon pour le corps. Tu posas alors tes pupilles ambrés sur la soldate. « Ne vous en faites pas pour ça. C'est moi qui vous dérange. » Après tout, tu l'avais interceptée en plein trajet. Tu ne savais pas où elle se dirigeait à cette vitesse, mais ce devait être important. Ou urgent? « Garviel m'a beaucoup aidé lorsque Franz est mort. Alors, je le connais bien. »

Tu fouillas alors dans ton sac et en sortit un coffret que tu posas contre le rebord du boxe. Tu l'ouvris et observas les médicaments à l'intérieur. Tu devais bien avoir quelques choses pour les indigestions. « Ablette fait très certainement une indigestion. Le lieutenant s'inquiétait pour rien, mais je vais quand même lui donner des pilules pour l'aider. Pensez-vous pouvoir les donner à Garviel quand vous le verrez? » Elle avait très certainement plus de chance que toi de le croiser. Du moins, elle le verrait plus rapidement.
   

Elle ignorait elle-même où se trouvait Garviel et te proposait donc de le chercher à ensemble. Tu ne mordis la lèvre inférieure, déviant ensuite le regard. Si tu te mettais à sa recherche, il n'y avait aucune garantie que vous le trouviez. De plus, cela voulait dire que tu devrais rester plus longtemps à Karanes. Cette idée ne te plaisait pas vraiment. Ton interlocutrice ajouta comme argument qu'elle risquait d'oublier tout ce que tu lui dirais d'ici demain. Ton cerveau, lui, tournait à mille à l'heure. Tu devais trouver un moyen d'éviter ceci, même si tu allais paraître désagréable. « Je ne peux malheureusement pas rester trop longtemps. J'ai d'autres patients qui ont besoin de mes soins, mais j'ai une idée. »

Tu sortis finalement du boxe. Puis, tu fouillas dans ton sac. Tu avais toujours de feuilles et un crayon pour prendre des notes concernant l'animal. Après tout, tu recensais les informations de tes patients dans un dossier à la maison. Tu griffonnas alors rapidement ce que Garviel avait besoin de savoir sur les soins de sa monture. La dose. Le nombre de temps qu'il devra le soigner. Bref, tout ce que pourrait oublier la femme à tes côtés. Tu lui tendis ensuite la feuille avec les médicaments. « Il doit bien avoir un bureau, non? Vous pouvez laissez ça là si vous ne le trouvez pas. J'ai tout écrit ce dont il a besoin de savoir. »
   

Ta proposition semble convenir à la soldate, et tant mieux dans un sens. Tu n'avais pas particulièrement envie de rester plus longtemps. Bon. Il te restait une monture à t'occuper, mais tu savais duquel il s'agissait. Celui de Ludwig, ton frère. Alors, inutile pour elle de rester avec toi. « Je dois m'occuper d'un dernier cheval. Vous pouvez donc y aller. » Tu lui souris, doucement. Elle allait pouvoir partir et vaquer à ses occupations. Et puis, elle était déjà près de la sortie. « Merci. » lui dis-tu en la saluant d'un geste de la main.