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I - Récemment, plusieurs meurtres ont eu lieu dans l'enceinte du mur Maria. Des témoins disent avoir entendu le son d'une flûte quelques minutes avant l'agression. Coïncidence?
II - En voilà de biens beaux poèmes qui filent dans les recueils et les journaux du mur Sina. Il se dit au détour des ruelles que le nom du poète est inconnu, mais que ses sonnets renferment plus de messages qu'ils ne veulent bien laisser le croire.
III - Il parait qu'un restaurant du mur Rose fait des repas à -50% pour les membres du bataillon... Info ou intox ? L'offre semble néanmoins limitée dans le temps...
IV - On raconte que la Garnison a mis les bouchées doubles pour nettoyer et réparer l'armement des murs des districts de Maria.
V - Il paraît que les soirs de pleine lune, dans l'une des ruelles de Trost, on peut entendre les sanglots d'une femme. Mais lorsqu'on tourne dans la rue pour la rejoindre, ils cessent et la rue est déserte.
VI - Il se dit que des bruits très suspects auraient été entendus dans une vieille maison à l'abandon, du côté de Stohess. Certaines rumeurs disent que la famille qui vivait là a été sauvagement assassinée il y a plusieurs années et qu'ils hanteraient encore les lieux ...
Le fantôme du passé (Béryl)
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Le fantôme du passé (Béryl)
Oksana Ziegler
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Oksana Ziegler
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Jeu 20 Déc - 3:46



LE FANTÔME DU PASSÉ
Tu venais de terminer ce pour quoi tu étais à Karanes. Le cheval allait mieux, tu allait pouvoir rentrer et oublier cet endroit. Cet endroit remplit de souvenir où tu avais l'impression d'apercevoir Franz à chaque fois que tu tournais la tête. Il ne s'agissait que de ton imagination, mais voilà. Tu ne te sentais définitivement pas à l'aise. C'était le signe que tu n'avais pas encore fait ton deuil malgré ces quatre dernières années. C'était comme si, au fond de toi, tu n'avais pas envie de créer de nouveaux souvenirs dans le quartier général du bataillon, de peur qu'ils n'effacent ceux avec ton bien-aimé.

Tu devais maintenant retrouver ta fidèle monture, Orion. Il ne manquait plus que lui. Tu te dirigeas donc vers la sortie de l'écurie, mais tu étais bien trop pressée. Si pressée que tu n'aperçus pas la tête bleue qui tournait le coin pour entrée dans le bâtiment. Tu lui fonças dedans. Surprise, tu reculas d'un pas. « Pardon, je ne vous avais pas vu... » Et lorsque tes pupilles dorées se posèrent sur le visage de cette femme, elles s'écarquillèrent alors que tes poings se serrèrent. C'était elle. Comment l'oublier? Garviel était celui qui t'avait annoncé la mort de Franz, mais qui t'avait également dit que cette jeune recrue en était la cause. Enfin, ce fut ainsi que tu l’interprétas à l'époque. La pauvre, elle ne devait pas avoir gardé un très bon souvenir de toi. Si certains, à cette nouvelle, se seraient effondrés, toi, tu avais frappé cette recrue qui était déjà sous le choc de cette expédition. Tu fronças légèrement les sourcils sans la quitter des yeux. Tu aurais préféré rencontrer n'importe qui, sauf elle. « Tiens, t'es toujours en vie. » Ce fut la première chose qui te vint à l'esprit et les mots traversèrent tes lèvres sans que tu ne puisses les retenir. Sympa comme retrouvailles, non?
 
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Oksana Ziegler
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Béryl Exshaw
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Béryl Exshaw
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Jeu 20 Déc - 14:23
Passé : Présent décomposé

Attention, passage un peu gore

La journée avait été bonne pour Béryl. Pas d’accros, un travail bien fait, et surtout terminé. Elle pouvait s’autoriser un moment de détente.

S’occuper de Compote, son cheval, était toujours une partie plaisante. Ça renforçait leur lien. Enfin c’est ce qui lui semblait. La bête se laissait toujours faire, mais il n’y avait pas vraiment de communication entre eux.
Aujourd’hui, elle avait prévu un traitement simple. Un petit coup de brossage, une ballade et quelques soins en revenant pour que canasson se sente bien. Il fallait le faire travailler pour qu’il tienne la vitesse et la cadence les jours d’expéditions. Un écart pouvait être fatal.

Elle s’était dirigée vers les écuries, sans expression, sans mot à qui elle pouvait croiser. Elle savait quoi faire, pas besoin d’aide.

Elle tourna dans l’entrée, et percuta quelqu’un sans le vouloir. Pendant que l’autre voix claire lâchait des excuses, Béryl voulait faire de même. Mais lorsqu’elle croisa les pupilles dorées de cette femme. Elle fut percutée par des souvenirs bien plus désagréables.


C’était il y a 4 ans. La première mission en dehors des murs. Béryl ressentait alors une excitation presque malsaine. Autant de travail, d’entrainement, d’acharnement, et elle allait enfin sortir des murs. Elle se sentait frénétique. Avant même d’être sortie elle se sentait pousser des ailes.
Elle avait été attribuée dans l’escouade du capitaine Franz Bauer qui comprenait déjà trois personnes : Kelsier Hodgen, Karhlya Ainsley et Ludwig Ziegler. Rapidement, car ils n’avaient pas eu le temps de faire plus connaissance que ça en dehors de la préparation, le Capitaine et sa cette petite bleue étaient devenus amis, sans plus. Béryl lui posait beaucoup de questions, bien trop enthousiaste. Et il répondait, avec autant de précisions et d’expérience qu’il le pouvait. C’était quelqu’un de foncièrement gentil.

La mission avait commencé. Ils avançaient dehors, au triple galop. C’était entrainant. Ce rythme, cette allure. Béryl ne pouvait s’empêcher de trépigner, bien que ses entrailles se tordaient d’une peur glaciale. Ils devaient se rendre dans une forêt, à une ou deux heures des murs, pour achever quelques titans qui se rassemblaient par là-bas. Une expédition simple en somme, pour entrainer les nouveaux.

Arrivés au bon endroit, ils avaient rapidement attaché leurs chevaux et étaient passé en manœuvre tridimensionnelle. Ce que Béryl attendait avec impatience. Elle adorait cette sensation de voler. Elle adorait avoir l’impression que le sol ne l’attirait plus, elle aimait cette vitesse.

Elle profitait clairement. Alors arriva le premier titan. Pas très grand, pas très rapide. Le groupe volait avec aisance, anéantissant proprement le premier, puis un ou deux autres.

Mais Béryl voulait plus. Elle voulait faire ses preuves, seule.

Alors elle s’était éloignée, entendant au loin Franz qui lui hurlait de revenir, que c’était dangereux.

Dangereux ? Non… Béryl était bien trop forte pour ça. Elle aurait pu aller dans les brigades spéciales si elle l’avait voulu. Elle n’avait besoin de personne. Elle se suffisait d’elle-même.

Un titan, grand, se dressait devant elle, lui tournant le dos. « Parfait » se dit-elle. Oui. C’était l’occasion parfaite de montrer qu’elle était vraiment la plus forte des nouvelles recrues.

Elle avait vu cette technique avancée à l’entrainement, utilisée par des personnes bien plus expérimentées. Elle s’était entrainée, et y était arrivée sur des mannequins.

Cette situation était bien trop parfaite pour leur montrer.

Alors, après avoir pris un peu d’altitude en tournant autour du titan qui ne semblait pas la remarquer, elle planta un de ses crochets dans la nuque gigantesque, et fit une accélération poussée tout droite vers ce gros morceau de peau, laissant une trainée de gaz épaisse derrière elle. Elle se préparait à effectuer une sorte de toupie, lames vers l’extérieur. Quelques mètres seulement avant d’arriver à son objectif, elle lâcha le grapin et tournoya sur elle-même. Vite, très vite, car elle savait que les muscles de ses bras ne suffisaient parfois pas à trancher cordialement le cou.

Un déviant ?

Tout se passa vite. Béryl trancha, mais pas exactement au bon endroit. Le titan se retourna, et l’observa un instant. Un micro instant, car a peine avait-elle réussi à réaccrocher son grapin plus loin, lui avait déjà sa gueule prête à se refermer sur elle. Elle s’était figée de peur, une fraction de seconde.

Elle entendit un hurlement, puis un cri, et enfin un grognement.

Franz l’avait poussée. Elle était à présent contre l’arbre qui était sur le côté. Les yeux écarquillés, elle découvrait l’horreur.

Il l’avait poussé, mais été resté à sa place. Il n’avait pas pu sortir à temps de la bouche du titan dont la mâchoire s’était refermée sur lui. Il ne lui restait qu’une moitié de jambe et un bout de bras, ainsi que son torse et son visage. Ses viscères laissaient une trainée de sang dans l’air. Il n’était pas mort. Il aurait mieux valu qu’il meure sur le coup.
Son corps était resté accroché au grapin qu’il avait planté, et il vint se percuter sur un arbre adjacent à celui de Béryl dans un bruit sourd. Il se vidait de son sang, Béryl ne bougeait pas, figée, parvenant à peine à articuler.

« Franz, Je…. Je…  »

Un sourire doux étira ses lèvres, contrastant avec l’expression de douleur et d’horreur. Il parla, faiblement. Béryl avait lu sur ses lèvres.

« Dis-lui…. Dis-lui, que je l’aime. »


Et d’un coup de croc, il fut achevé, gobé par ce grand titan.

Tout fut flou par la suite. Des membres du bataillon achevèrent l’immondice. Elle ne se souvint pas du trajet retour, ni comment elle avait survécu entre ce moment, et le moment où ils franchirent le mur Rose.

Mais elle se souvint de ce regard, doré, empli de haine. Elle se souvient des coups, violents. Elle n’avait pas pleuré, elle ne s’était pas défendue. Elle le méritait. Elle avait encaissé, priant que les coups fassent plus mal que la douleur qu’elle pouvait ressentir. Celle de l’idiotie, celle de l’orgueil, celle du meurtre.

C’était à ce moment où elle souhaitait plus que tout mourir, qu’elle décida au contraire de se battre. C’est à ce moment là où elle se jura qu’elle ne referait jamais cette erreur, qu’elle deviendrait meilleure, et pas par orgueil.

Pour que personne n’ait à ressentir ce qu’elle ressentait à ce moment-là.
Pour que le sacrifice de Franz ne soit pas vain.


Et cette femme, qui se tenait devant elle à présent, était la seule personne qui avait pu frapper Béryl au visage sans qu’elle ne se protège ou qu’elle ne récidive.

Elle baissa les yeux, serra les poings.

« Apparemment. »

Mais elle releva le regard vers cette femme, non pas pour lui manquer de respect, bien au contraire.

« Est-ce que vous allez bien ? »

Le passé douloureux est un cruel tourment - Euripide
Pando
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Oksana Ziegler
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Jeu 20 Déc - 16:44



LE FANTÔME DU PASSÉ
Elle semblait t'avoir reconnu aussi. Tu ne devais pas lui rappeler de très bons souvenirs, cependant. Par sa faute, Franz était mort. Tu te souvenais de ce jour comme si c'était hier.

Ce jour-là, tu étais parmi la foule qui accueillait le retour du bataillon. Enfin, accueillir, c'est un grand mot. Certains préféraient les insulter plus qu'autre chose. Tes yeux ambrés scrutaient les soldats qui passaient devant toi. Ton sourire s'effaça petit à petit. Où était-il? Où était Franz? Ton premier réflexe fut d'aller te renseigner auprès de Garviel. Et la nouvelle tomba. Mort. Il était mort. Il avait sauvé une jeune recrue apparemment et elle s'en était sortie sans égratignures. Tu ne voulais pas y croire. Tu ne pouvais pas y croire. Il t'avait promis de revenir. De demander à tes parents ta main à son retour. Pendant quelques secondes, tu restas figée. Ton regard ne quittait pas des yeux la recrue en question. Puis, tout se passa rapidement. Ton corps bougea de lui-même et ton poing s'abattit violemment sur la jeune femme. Tu ne lui offris aucun moment de répit. Tu la frappas, encore et encore, alors que ton visage était inondé par les larmes. Ce fut ton frère aîné qui intervint pour t'empêcher de défigurer davantage Béryl. Coincé dans les bras de Ludwig, tu t'agitais telle une furie. Tu hurlais, lui demandant de te lâcher. Sauf qu'il t'éloigna tout simplement du bataillon et, surtout de Béryl.

À ce souvenir, tu passas une main sur ton visage alors qu'un soupire traversa tes lèvres. Quel cauchemar... À ta grande surprise, Béryl te demanda si tu allais bien. Tu haussas un sourcil en entendant sa question. Tu aurais pensé qu'elle aurait voulu se venger, te frapper en souvenir de ce jour-là, mais non. Elle te demandait si tu allais bien. Tu t'adossas donc contre le mur près de l'entrée et tes bras se croisèrent sur ton ventre. « Ça va comme ça peut aller.... Et toi? » Au moins, tu savais être polie en lui retournant la question. Tu ne savais pas vraiment quoi penser de cette rencontre. Elle était là, debout à tes côtés, alors que cela faisait quatre ans que tu n'avais pas vu sa tête. Tu ne savais pas trop comment réagir non plus. À vrai dire, tu te sentais mal à l'aise. La première fois que tu l'avais rencontrée, tu l'avais frappée alors... Ce n'était pas très sympa de ta part. « Tu t'en sors... avec le bataillon? » Ces paroles ne furent qu'un murmure, comme si tu avais du mal à les prononcer. Pourtant, ta voix s'était faite douce. Avais-tu pitié? Peut-être. Un peu. Sa première mission s'était mal passée après tout... Et puis, il était peut-être temps, pour vous deux, de repartir à zéro, non?
 
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Béryl Exshaw
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Béryl Exshaw
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Jeu 20 Déc - 18:25
Passé : Présent décomposé
Courage

Béryl s’attendait à une réaction de rejet, pure et dure. Pourtant voila qu’elle s’adosse et qu’elle réponds. Sans crier, sans frapper.

Béryl ne s’autorise pas une once d’espoir concernant leur relation, et elle voit bien que Oksana – nom qu’elle avait entendu il y a bien longtemps, n’était pas franchement ouverte à une conversation de coupine.

Même, elle-même ne lui manquerait pas de respect. Jamais.

« Je vais bien. »

Une réponse simple, clair. Elle n’imaginait pas même pas ce qu’elle pouvait ressentir. « La fille qui a tué mon amour va bien. » Elle essaya de se mettre à sa place. Comment elle réagirait si Sawyer était mort par la faute de la personne juste en face d’elle.

Elle ne supporterait pas sa vue.

Pourtant la voila qui parle encore. Qui lui pose une question dans un murmure. Décontenancée Béryl répondit dans un même ton. Doux.

« Le bataillon… Disons que je ne refais plus les mêmes erreurs. Je fais de mon mieux. »

Et puis, ça lui fit tilt. Elle ne lui avait jamais dit. Les derniers mots de Franz. Elle n’était pas sûre même si quelqu’un lui avait expliqué comment… et pourquoi, il était mort. Elle n’allait pas se dégonfler, même si Oksana était passé à autre chose… C’était important. Surtout pour Franz. Elle souffla un coup, prenant son courage à deux mains.

« Il y a quelque chose dont j’aimerais vous parler. Est-ce que je peux vous offrir une tasse de thé ou … Quelque chose à boire ? »


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Jeu 20 Déc - 19:27



LE FANTÔME DU PASSÉ
Elle va bien. Tu ne savais pas si tu avais envie de rire ou de la frapper lorsque ces mots traversèrent ses lèvres. Celle qui avait tué Franz allait bien. Quelle ironie. Et pourtant, tu n'avais pas pu t'empêcher de lui demander si elle s'en sortait avec le bataillon. Peut-être qu'au fond de toi, tu voulais seulement t'assurer qu'elle n'avait pas fait d'autres morts, qu'elle n'avait pas commis les mêmes erreurs. En fait, tu ne savais même pas pourquoi et comment ton bien-aimé était mort. C'était peut-être un simple accident, ils avaient été surpris par un titan et la jeune recrue s'était retrouvée dans une position délicate... ou alors, elle s'était attirée des ennuies et Franz en avait payé les frais. Béryl faisait de son mieux, disait-elle. Tu ignorais si tu devais être soulagée ou non en entendant ces paroles.

Elle déclara soudainement qu'il y avait quelque chose dont elle aimerait te parler. Tu la regardas, surprise. De quoi pouvait-elle bien vouloir te parler? Mais avant cela, elle te demanda si tu désirais boire une tasse de thé ou quelque chose d'autres. Tu secouas la tête, faisant doucement danser tes cheveux. « Non, ça va aller, merci. Dis-moi simplement ce qu tu as à dire. Je dois rentrer avant que la nuit ne tombe. » Ton regard se porta alors vers l'extérieur. Il te restait encore un peu de temps avant que le soleil ne se couche à l'horizon, mais tu ne devais pas trop tarder non plus. Après tout, tu ne vivais pas dans ce district, tu devais sortir afin de rejoindre la terre de tes parents. Tu avais beau connaître le chemin du retour par coeur, tu n'avais pourtant pas envie de galoper dans le noir. Bien sûr, tu avais toujours une torche dans le sac accroché sur Orion, par simple précaution, mais si tu pouvais éviter de galoper la nuit, c'était mieux.

Tu te redressas alors et, les mains dans les poches de ton pantalon - il était rare que tu portes des jupes à vrai dire - tu t'approchas de Béryl. Plus que quelques pas vous distançaient maintenant. Tu plongeas alors ton regard doré dans le sien.  « Je t'écoute. » Allait-elle avoir le courage de te parler, ou allait-elle céder?
 
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Jeu 20 Déc - 22:15
Passé : Présent décomposé
Courage

Ok. Oui. C’était compréhensible. Elle n’allait pas accepter de prendre le thé même de base.
Béryl soupira un coup, d’un côté ça l’arrangeait. Elle joignit ses doigts, les paumes moites.

« Oh… Je…»

Je t’écoute disait-elle. Béryl avait envie de fuir, de se retourner, d’oublier tout ça, d’oublier cette femme, d’oublier Franz, d’oublier cette foutue mission et tout ce qui en découlait. Elle se voyait déjà presque sur le flanc de son cheval, l’odeur équine lui montant au nez.

« C’est à propos de Franz.»

A l’évocation de ce nom, ses lèvres se mirent à trembler. Elle serra les mâchoires et déglutit avec difficulté. Elle ne se dégonflerait pas.

Elle affronterait ses propres démons. Ici. Maintenant.

« Je voulais vous présenter mes condoléances, même si elles sont tardives...»

Elle pâlit. Ce n’était pas ce qu’elle aurait dû dire, clairement. Mais elle ne voyait pas comment s’exprimer sans ça. C’était à ses yeux, la base du respect. Un torrent, un ouragan lui déchirait les entrailles, car son corps et son cœur lui hurlaient de fuir. Ils se souvenaient de la douleur.

« Il… Franz m’a sauvé la vie, et je ne pourrais pas assez le remercier pour cela. J’étais sur le point de me faire croquer, quand il est venu et … et il a pris ma place. Seulement… »

Sa voix se brisa en repensant à cet arbre, là. Le souffle plus court, elle se sentait divaguer, tout tournait, tout ondulait, tout dérivait alors qu’elle avait la sensation que tout ralentissait autour d’elles, les sons, les images. Elle ne pouvait bouger, mais elle ne voulait bouger. Elle continua, gorge nouée, tête baissée.

Elle tremblait.

« Il n’est pas mort sur le coup. Il a eu le temps de parler, un peu. Il... Pensait à vous, même à ce moment-là... surtout, à ce moment-là...   J’ai ces derniers mots, en mémoire, encore aujourd’hui. »

C’était si dur, de se rappeler, de transmettre ses mots et ces émotions, jalousement gardées pendant quatre ans. C’était tellement dur pour elle de revenir dans le passé, en seulement quelques mots et un visage. Elle articulait dans le vide, elle respirait fébrilement, elle serrait les poings, sur le point d’abandonner, tout.  Aucun son ne voulait sortir, elle se mordit une lèvre en relevant la tête, effrayée de ce qu’elle pourrait voir.

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Ven 21 Déc - 3:51



LE FANTÔME DU PASSÉ
Tu attendais patiemment que Béryl prenne la parole. Après tout, elle avait toute ton attention si elle désirait te dire quoi que ce soit. Cependant, tu ne t'attendais pas à ce qu'elle prononce son prénom. C'était à propos de Franz... Ton coeur manqua un battement. Tes poings se serrèrent. Tu ne dis pourtant rien. Tu l'écoutais. En fait, tu paraissait calme à l'extérieur, mais si seulement elle savait quelle tempête elle avait déclenché en prononçant ce prénom. Elle commença par te présenter ses condoléances. Tes sourcils se froncèrent et tu te retiens pour ne pas l'envoyer promener. Il était mort il y a quatre ans et voilà qu'elle se décidait à te dire cela? Ridicule! Tu grimaças légèrement, peu certaine de si tu voulais réellement entendre la suite.

Et alors, la bleue reprit. Franz lui avait sauvé la vie. Oh, cela, tu le savais déjà. Sauf que tu ignorais qu'elle était sur le point de se faire croquer à ce moment-là. Elle était donc si prêt sur titan? Et pourtant, ton bien-aimé s'était lancé au devant du danger pour sauver les fesses de cette fille? Les battements de ton coeur accéléraient et tes pensées tourbillonnaient dans ton esprit. Qu'avait-elle fait pour se retrouver dans une telle situation? Mille et une questions se bousculèrent, mais aucune ne parvenaient à franchir tes lèvres.

Si Béryl tremblait en ce moment même, tu tremblais aussi, mais toi c'était la rage qui commençait à prendre le contrôle. En fait, il y avait tellement de choses que tu ignorais, mais que tu risquais probablement de découvrir aujourd'hui. Peut-être que cela te permettrait de faire enfin le deuil de Franz, mais à cet instant, tu n'y pensais même pas. Tu ne raisonnais pas. Plus aucun son ne semblait parvenir à tes oreilles sauf les paroles de la jeune femme. Il n'était pas mort sur le coup... Ô combien il avait dû souffrir! Tu n'osais même pas imaginer la douleur qu'il ressentit à ce moment-là. Et malgré tout, il était resté fidèle à lui-même. Il ne pensa qu'à toi, alors que la vie le quittait. Tu fermas les yeux à peine quelques secondes avant de les rouvrir et le regard que tu lui lanças en aurait figé plusieurs. Sans même prévenir, l'un de tes poings s'abattit violemment sur le visage de Béryl. La rage et la haine t'animèrent à cet instant alors que tu lui crachais ces mots. « Franz n'aurait jamais dû te sauver! Je sais pas ce que t'as fait ce jour-là pour te retrouver dans une telle position, mais tu n'aurais jamais dû agir comme tu l'as fait! » Ainsi, il serait toujours en vie.

Cette fois-ci, ce fut au tour de ton pied de la frapper. Tu lui assénas un coup au ventre et, clairement, tu ne te retenais pas. Malheureusement pour elle, ni Ludwig ni Garviel n'étaient là pour la protéger. « Ça, c'est pour ne m'avoir rien dit durant toutes ces années! » Et avoir gardé le fait qu'il lui avait confié ces dernières paroles. Dans un sens, si tu étais restée calme, tu aurais compris qu'elle n'osait probablement pas t'approcher après l'avoir frappé de la sorte la première fois, mais tu n'étais clairement plus calme. Tu frappais Béryl, mais dans ton esprit, tu maudissais Franz pour sa gentillesse. Tu le lui avais dit, pourtant, qu'un jour cela lui coûterait cher. Sans laisser de répit au pauvre soldat, tu vins t'asseoir sur son ventre maintenant que tu l'avais envoyé valser au sol. Ta main gauche saisit le col de son chandail alors que ton bras droit s'élevait dans les airs, prêt à s'abattre n'importe quand sur son visage. Ton regard ambré reflétait toutes sortes d'émotion, mais surtout de la colère et... de la tristesse. Oui, car tu étais triste. Triste d'avoir perdu l'être aimé. Triste de n'avoir jamais connu ces dernières paroles. Triste d'avoir perdu cet avenir que vous vous étiez imaginés. Tout ceci n'existait plus. Tout était parti en fumée à cause de Béryl.
 
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Ven 21 Déc - 15:14
Passé : Présent décomposé
les mots

Elle sentit d’abord une douleur, brute, au niveau de sa joue, puis un éclat sur lèvre, elle se retrouvait projeter sur le côté par la force du coup. Elle se redressa en s’appuyant sur le mur à côté d’elle, soufflant fort  et se remit face à Oksana qui lui asséna un second coup bien plus violent, au niveau du ventre.

Un craquement interne qui fit vibrer toute son échine. Une côte devait s’être brisée. Elle eu le souffle coupé alors qu’elle tomba à la reverse. Sa tête cogna fort contre les pavés, elle sentait un liquide chaud qui lui coula au dernière de la tête, et pourtant, elle n’avait pas si mal.

Mais un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres quand la femme, pleine de rage, s’assis sur son ventre déjà endolori. Elle peinait à respirer.

« Je n’ai pas chercher à vous en parler car je ne comprenais pas à quel point cela pouvait être important ! Maintenant je sais ! Je le sais ! Alors allez-y !»

Elle saisit le poing levé et l’amena un peu plus vers son propre visage.

« Allez-y ! Frappez-moi ! Frappez-moi de toutes vos forces !  Parce que oui je le mérite ! Franz n’aurait jamais dû me sauver oui ! Parce qu’il est mort à cause de moi ! Il est mort à cause de mon orgueil, de ma stupidité ! Allez-y ! Allez-y ! Mais, même avec ça, avec toute cette haine, je ne mourrais pas ! Je ne gâcherais pas la chance qu’il m’a donné, je ne gâcherais pas son sacrifice ! Je vivrais toujours avec ! Je ne l’oublierais jamais ! »  

Elle avait hurlé, tout ces mots qui étaient resté en elle pendant toutes ces années.  Elle s’arrêta net.
Elle n’avait jamais vu des yeux à la fois aussi vides, mais aussi emplis d’émotions diverse. Un instant seulement, elle se sentait happée par ce regard qui lui montrait plus encore le mal qu’elle avait fait.

Elle avait lâché une bombe, autant pour elle, que pour la femme qui la battait. Pourtant, non, ce n’était pas ça. Elle ne voulait pas l’agresser, elle ne voulait pas lui faire plus de mal alors elle se décontracta un peu, son ton se fit plus calme, sa voix tremblait, elle détourna la tête.

L’adrénaline qu’elle pouvait ressentir calmait la douleur des coups, mais pas celle de l’âme.

Pourtant elle ne se dégonflerait pas. Pas maintenant.

Pour Franz

Pour Oksana.

Pour elle-même.

« Il souriait. Quand il a dit ces mots. »  

Alors, aujourd’hui, comme lui il y a 4 ans, elle planta son regard dans les yeux ambrés de Oksana, et lui adressa ce même sourire qui marqua son visage ensanglanté, doux.

« Dis-lui. Dis-lui, que je l’aime. »

Les mots restèrent en suspens. Béryl n’ajouta rien. Son visage avait repris la teinte de la douleur. Ses larmes étaient silencieuses, ses yeux s’assombrirent. Elle détourna le regard, prête à recevoir un nouveau coup.

« Je suis vraiment… vraiment… dé… désolée. »

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Ven 21 Déc - 15:51



LE FANTÔME DU PASSÉ
Assise désormais sur elle, tu ne te rendais même pas compte que tu la faisais souffrir davantage. En fait, tu n'avais même plus conscience de ce que tu faisais. Tout ce que tu voulais, c'était d'évacuer cette rage qui bouillait en toi. De la frapper encore et encore pour la faire souffrir autant que Franz avait dû souffrir ce jour-là. Pourtant, alors que tu étais prête à abattre de nouveau ton poing sur son visage, tu ne bougeais plus. Tes yeux ambrés observaient cette pauvre fille allongée sous toi alors qu'elle hurlait tout ce qu'elle ressentait. Tu ne réalisais que maintenant que tu n'étais pas la seule à souffrir de la mort de ton bien-aimé. Elle aussi, elle en avait bavé. Elle s'en était voulu durant les quatre dernières années, car elle savait que c'était de sa faute. Même si Béryl te disait de la frapper, le doute s'installa dans ton coeur. Ton poing restait là, dans les airs, et tes pupilles ne la quittèrent pas un seul instant.  

Malgré tout, elle voulait vivre disait-elle. Vivre pour que le sacrifice de Franz ne soit pas vain. Ton coeur se serra à cet instant précis. Qu'étais-tu en train de faire, Oksana? Tu frappais violemment la protégée de Franz alors que tu aurais dû, au contraire, la protéger aussi. Reprendre le flambeau. Il avait toujours été ainsi, à protéger les petits nouveaux, les plus jeunes sans expériences. Ce que tu faisais là, l'ancien caporal ne l'aurait pas approuvé. Oui, il faut réprimander les jeunes, mais surtout les soutenir à travers ces épreuves dont ils ne sont pas habitués à traverser. C'est ce qu'il disait toujours. Ton poing se mit à trembler. Tu ne pouvais plus bouger. Tu en étais incapable.

Et puis, elle lâcha une véritable bombe en toi. Il souriait quand il avait dit ces mots? Enfin, Béryl les prononça. Ces quelques mots qui avaient été ces derniers. Dis-lui que je l'aime. Toute la haine et la colère s'évaporèrent d'un coup et seule la tristesse et la surprise restèrent dans ton regard. Ce sourire... La jeune femme souriait en disant ces paroles et, étrangement, elle eut l'impression de revoir Franz. Il souriait de cette manière chaque fois qu'il te voyait. Est-ce qu'il t'avait imaginé, dans ces derniers moments? Sans que tu ne puisses les en empêcher, quelques larmes coulèrent sur tes joues. Ta gorge se noua, mais, malgré tout, un hurlement sans échappa. Ce n'était pas de la colère. Non, tu laissais sortir toute cette tristesse que tu n'avais pas pu laisser sortir ces dernières années. Tu hurlais, sans te soucier de ce qui t'entourait. Puis, tes deux mains se posèrent sur le col de Béryl, le serrant entre tes doigts. Sauf que cette fois-ci, tu semblais vouloir tout simplement t'accrocher à quelques choses. Tu entendis à peine ses excuses alors qu'un torrent de larmes se déversaient désormais sur tes joues, venant ensuite s'écraser sur celles de la jeune femme.

Franz... Ô Franz... Comme tu aurais aimé qu'il soit toujours là. Et pourtant, il l'était. Là, dans ton coeur, il y était toujours. C'était si dur de ne plus l'avoir à tes côtés. Sauf que tu savais qu'il aurait voulu que tu avances. Que tu cesses de regarder vers le passé pour te concentrer sur le présent. « Moi aussi, je t'aime Franz... » réussis-tu à murmurer entre deux sanglots. Oui, tu l'aimais toujours, mais aujourd'hui, tu étais prête à le laisser partir. Pour toi. Pour Béryl.
 
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Oksana Ziegler
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