Un nouveau jour se leva. Un autre jour où tu travaillais à la maison close. En cet après-midi, il n’y avait pas énormément de clients. La plupart préférait venir le soir. Pourtant, il y avait cet homme qui venait d’entrer dans le grand salon. Tu le remarquas bien rapidement et tu le suivis du regard. Il s’assit quelque peu à l’écart et patientait sagement. Il attendait que quelqu’un vienne à lui, et cette personne serait toi. Après tout, n’étais-tu pas payée pour t’occuper des clients?

Tu t’avanças vers cet homme, lui offrant ton plus beau sourire. Sauf que tu ne t’installas pas à ses côtés. Non. Tu étais plus douée pour autre chose et tu savais que la plupart des hommes appréciaient ce spectacle. Alors, debout devant lui, tu restas silencieuse et, lentement, tu fis rouler tes hanches. Et tu te mis à danser. Tes mouvements étaient gracieux. Légers. Séduisants. Malgré tout, tu ne le quittais pas des yeux. Ton regard violacé le fixait alors que ton visage était illuminé par un sourire.  

Et ce n'est qu'après quelques minutes que tu vins finalement t'asseoir sur le canapé, près de lui. Une main posée sur sa cuisse avec délciatesse, tu pris enfin la parole. « J'espère que cette danse vous a plu. » Puis, tu te présentas, puisque c'était la moindre des choses. Sauf que comme d'habitude, tu ne donnas pas ton véritable prénom. « Je suis Dahlia et, si vous voulez bien de moi, je vous accompagnerai aujourd'hui. »

Un agréable spectacle... C'était ce que tu désirais. Si cela lui avait plu, c'était le plus important alors. Il se présenta à son tour. Ian, tel était son prénom. C'était la première fois que tu le servais, mais tu ignorais si c'était sa première fois dans cette maison close.. Tu y rencontrais tellement de clients que bien souvent, tu oubliais ceux que tu n'avais pas tenu compagnie.

À ta grande surprise, il prit ta main entre ses doigts pour y déposer un baiser. Plusieurs hommes te traitaient bien, mais tu devais avouer que c'était la première fois qu'on te baisait la main. Ce baiser était tellement pur qu'il contrastait avec le lieu dans lequel vous vous trouviez. La surprise fut bien vite remplacer par un sourire charmant lorsqu'il déclara qu'il acceptait ta compagnie. « Est-ce votre première fois ici, Ian? » L'une de tes mains se posa sur son torse et ton regard plongea dans celui de ton client. Il ne semblait pas être comme les autres hommes que tu avais déjà servi. Certains étaient plus rustres, ils n'hésitaient pas à te toucher à la première occasion et à monter à l'étage. Enfin, c'était difficile à dire puisque cela ne faisait qu'à peine quelques minutes que tu le connaissais. Le temps ferait son oeuvre.

Ainsi donc, il était un habitué des lieux. Peut-être était-ce lui, le chevalier galant dont parlait les autres filles? Tu l'ignorais. Après tout, il y avait tellement d'hommes qui venaient ici. Il passa alors une main dans tes cheveux et celle-ci descendit doucement jusqu'à ton épaule qu'il caressa du revers de la main. Et il te demanda alors si cela faisait longtemps que tu travaillais ici puisqu'il ne se souvenait pas de t'avoir déjà rencontré. Un léger rire s'échappa de tes lèvres. « On peut dire que ça fait longtemps, effectivement. J'étais peut-être occupée ou en congé lorsque vous êtes venus. Pas de chance... » La main posée sur son torse remonta lentement vers son cou, puis se posa sur l'une de ses joues que ton pouce caressa. « Mais aujourd'hui, nous pouvons rattraper le temps perdu. » Tu étais douée, avec les mots. Avec ces années d'expérience derrière toi, c'était normal. Tu avais appris.

Tu l'observas alors attentivement. Tu avais bien remarqué les cernes sous ses yeux. Alors, tu lui fis une proposition. « Vous me semblez quelque peu épuisé. Peut-être que je me trompe, mais... » Tu fis une légère pause et jetas un coup d'oeil vers l'escalier qui menait à l'étage, avant de reporter ton attention sur Ian. « Ne voudriez-vous pas vous reposer dans un endroit plus discret? Un bon massage devrait vous détendre. » Et tu lui souris. Ce n'était pas l'un de tes sourires charmeurs, mais plutôt sincère. Il pouvait bien comprendre tes mots comme il le souhaitait, mais même dans ta voix, il y avait cette pointe de sincérité. Tu n'étais pas aveugle et même si tes mots pouvaient être compris autrement, vue l'endroit où vous étiez, tu t'en moquais. Tu avais toujours été bonne avec les clients qui l'étaient avec toi.

Tu avais vu juste. Cet homme ne dormait pas beaucoup. Il était fatigué. Et un bon massage lui ferait du bien. Bon, d'accord, il allait devoir payer un supplément pour monter à l'étage, mais au moins, il y sera plus confortable. Ce sera plus aisé de se reposer que là, assis sous les regards de tous. Ian se leva finalement et te tendis la main, déclarant qu'il te suivait. Un sourire sur les lèvres, tu attrapas sa main dans la tienne pour te lever, mais une fois debout, tu ne le lâchas pas. Sans plus attendre, tu l'entraînas à l'étage. Vous longiez, pendant quelques instants, un couloir, avant que tu ne t'arrêtes devant une porte sur laquelle était sculptée un dahlia. Tu te retournas légèrement vers ton client pour lui sourire. Puis, tu ouvris la porte et tu le guidas à l'intérieur.

Quelques bougies éclairaient la pièce pour offrir un éclairage tamisé. Les couleurs foncées offraient une certaine intimité, tel un cocon. Tu refermas la porte derrière vous avant de retourner près de Ian. Debout face à lui, tu posas tes deux mains à nouveau sur son torse, mais cette fois-ci, tu t'apprêtais à déboutonner sa chemise. Pourtant, avant de le faire, tu lui demandas. « Vous permettez? » Et tu plongeas ton regard améthyste dans le sien. Oui, tu comptais bien lui retirer au moins sa chemise. Après tout, s'il désirait un massage, c'était la moindre des choses. S'il désirait plus, ce sera à voir.

Tu attendais sagement sa permission avant de commencer, mais ce qui se passa te surpris. Tu ne t'y attendais pas vraiment. Enfin, oui et non. Disons simplement que c'était si soudain que tu n'avais même pas eu le temps de réagir. La main sur ta nuque, il vint poser ses lèvres contre les tiennes dans un baiser qui, disons-le, était loin d'être chaste. La surprise se dissipa bien rapidement afin de reprendre ton rôle. Et tu répondis à son baiser, sans gêne. Il te poussa ensuite doucement contre la porte, alors qu'une de ses mains caressa ton épaule pour descendit jusqu'à ta petite main. Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il se retira, posant ta main au niveau des boutons de sa chemise, et il te donna sa permission. Un léger sourire amusé planait sur tes lèvres.

Tu n'attendis pas davantage pour commencer à déboutonner sa chemise agilement. Tu étais, malheureusement, trop habituée. Une fois terminée, tes mains glissèrent sur ses abdominaux, remontant doucement sur son torse jusqu'à ses épaules pour lui retirer le vêtement. Et tes pupilles ne purent s'empêcher d'admirer ses muscles si bien dessinés. Après tout, tu restais une femme et tu n'étais pas insensible devant une telle vue. Tu attrapas ensuite une de ses mains pour l'entraîner vers le lit. « Allongez-vous sur le ventre... Je vais m'occuper de vous. »

Alors qu'il s'installait sur le lit, tu ouvris le tiroir de la table de chevet et en sortis un pot à l'intérieur duquel se trouvait une huile légèrement parfumée. Idéale pour la détente. Que tu mis sur tes mains. Tu lui jetas un coup d'oeil une fois qu'il reprit la parole et tu souris. « Oui. Maintenant, fermez-les yeux et profitez. » C'était aussi simple que cela. Sans hésitation, tu vins t'asseoir à la califourchon sur son fessier et, doucement, tu commenças à le masser avec tes doigts de fée. Tes mains partaient du bas de son dos pour remonter, tranquillement, jusqu'à ses épaules. Puis, tu massas sa nuque, son cou, et redescendis à nouveau.

Tu poursuivis durant de longues minutes avant de te pencher vers l'avant. Ta poitrine s'appuyais contre son dos, alors que tes lèvres se tenaient à proximité de son oreille pour murmurer. « Alors? Est-ce agréable? » Puis, tu déposas tes lèvres sur sa nuque, dans un doux baiser.

La réponse qu'il t'offrit te fit sourire. C'était le plus important, qu'il trouve cela agréable. Tu étais sur le point de poursuivre lorsqu'il prit de nouveau la parole. Il y avait un mais. Un mais surprenant. Il n'y avait aucune raison, disait-il, pour qu'il soit le seul à en profiter. Et encore une fois, il te surprit.

Tu te retrouvas allongée sur le lit, maintenant. Vos rôles étaient désormais inversés. Il était là, au-dessus de toi, mais il ne ressemblait pas à ces autres hommes qui agissaient en prédateur. Qui désiraient seulement s'offrir du plaisir en profitant de ton corps. Et la question qu'il te posa te troubla, raisonnant dans ton esprit. Puis-je? Personne ne t'avait jamais demandé la permission. Sois belle et tais-toi. Agis comme tu devais agir, en tant que prostituée. Tout simplement.

Une main se posa dans ses cheveux alors que l'autre vint dans son dos, et tu te redressas pour venir chercher ses lèvres. Ce fut à ton tour de l'embrasser. Un baiser fougueux. Car tu ne parvenais pas à le dire. Tu lui étais reconnaissante de se soucier un tant soit peu de toi. Et comme aucun son ne sortait de tes lèvres, tu agissais. Et puis, tu rompis finalement ce baiser. Pourtant, tu gardais une certaine proximité avec lui. « Oui. » murmuras-tu finalement. Tu étais, après tout, payée pour cela.

Cet homme n'avait de cesse de te surprendre. Une fois que tu lui donnas la permission, il revint t'embrasser, un baiser bien plus pur que les précédents, avant de descendre ses lèvres plus bas. Sur ta mâchoire, dans ton cou, puis ton épaule. Tu pensais qu'il retirerait ta robe afin de dévoiler ta poitrine, mais non. Tu te retrouvas bien rapidement allongée sur le ventre et s'il pouvait voir ton regard, il y verrait certainement de la surprise. Encore. Et il reprit même tes paroles, avant de te masser le dos.

Un rire s'échappa de tes lèvres. Un rire sincère. Tu étais... heureuse? Oui, on pouvait le dire ainsi. Tu étais heureuse et amusée. « Décidément, Ian, vous êtes un homme si imprévisible. » Il était loin de ressembler à ces clients dont tu avais l'habitude. Et, tu devais l'avouer, c'était plaisant. Tu fermas alors les yeux, un sourire planant sur tes lèvres.  « C'est la première fois qu'on me traite ainsi... » Aussi bien. C'était le mot. Tu n'étais pas qu'un objet entre ses mains, mais bien un être vivant.

Ian semblait quelque peu surpris lorsque tu déclaras que c'était la première fois qu'un homme te traitait ainsi. Pourtant, tu ne mentais pas. C'était la pure vérité. Et il supposa que tu avais dû avoir à faire avec des hommes peu commodes. Tu soupiras quelque peu. « Oh, ça oui. Mais heureusement que la patronne ne tolère pas ceux qui ne nous respectent pas. Elle nous protège bien. » Et c'était ce que tu appréciais de cette femme. D'ailleurs, même toi tu ne tolérais pas ce genre d'individus. Sauf que tu ne savais pas comment te défendre. Tu faisais de ton mieux, mais ton meilleur allié restait ta voix. « La plupart me traite assez bien, mais ils ne sont là que pour leur plaisir. » Ils en oubliaient bien souvent le tien dans toute cette histoire.

Un léger soupir d'aise s'échappa de tes lèvres lorsqu'il exerça une pression légèrement plus forte au niveau de tes lombaires. Comme cela faisait du bien! Et il te parla alors de sa vision des choses. Toutes les femmes devaient être bien traitées, peu importe leur métier. Par la suite, ses lèvres se posèrent sur ta nuque, comme tu le fis un peu plus tôt, mais les siennes descendirent dans ton dos, t'offrant un agréable frisson au passage. « S'ils étaient tous comme vous, ce serait bien plus plaisant. Nous ne faisons que vendre notre corps, mais nous sommes tout de même humains. Nous avons un coeur et des sentiments. »

Décidément, tu allais de surprise en surprise avec lui. Imprévisible, il l'était. Tu n'avais jamais eu de client comme lui auparavant. C'était si.. étrange. Drôle. Agréable. Il venait de déclarer que vous devriez être joueurs, changez vos rôles. Tu ignorais ce qu'il voulait dire par-là et même l'un de tes sourcils se leva, perplexe. Et bien rapidement, il répondit à ton interrogation. Tu étais la cliente. Il était celui qui travaillait. Tes yeux s'écarquillèrent et tu sentis qu'il remontait ta tenue un peu plus haut. Tu te redressas donc pour la replacer avant de te tourner vers lui. Il ne plaisantait pas. Il était même très sérieux, puisqu'il te demandait ce que tu désirais. Ian était pourtant sincère. Tu observais ce sourire qu'il affichait. Aucun doute. Il n'était pas un client ordinaire. Sauf qu'il te précisa bien que tu ne devais pas lui demander de danser, car tu risquais de te moquer de lui.

Désormais allongée sur le dos, tu te remis à rire. Tu l'imaginais pourtant très bien danser. Ce serait plaisant à voir, à vrai dire. Sauf que tu n'allais pas le faire. « Ce que je désires, hmmm? Laissez-moi réfléchir. » Étrangement, tu n'avais pas envie de faire quoi que ce soit. Tu voulais simplement... être tranquille. Encore un peu. Avant que la soirée ne commence. Alors, tu te déplaças dans le lit et vint poser ta tête contre les cuisses de cet homme qui te surprenait de minute minute. « Pour être honnête, j'aimerais seulement un moment de tranquillité. La nuit risque d'être longue... » Tu refermas les yeux et un soupir s'échappa de tes lèvres à cette pensée. « Ou alors, me faire sentir désirer. Avoir l'impression d'être appréciée pour ce que je suis, et non pas seulement pour mon apparence. » Ne lui en demandais-tu pas trop? Tes paupières s'ouvrirent et tu dévias le regarder, évitant de le regarder. « Pardon, je dis n'importe quoi. »

Ce que tu disais n'était pas n'importe quoi. Tout le monde avait des rêves, des envies. Tu n'étais pas une exception. Et tu ne devais pas les laisser s'envoler. Tu devais t'y accrocher, ce que tu faisais depuis tant d'années déjà. Tu reposas donc ton regard améthyste sur son visage et son sourire te rassura. Puis, il te demande de lui parler de toi. Il désirait savoir qui tu étais. Ce fut à ton tour de sourire, quelque peu amusée. Il était rare que les clients veuillent savoir qui tu étais. « Qui suis-je? L'aînée d'une famille de cinq enfants. Une passionnée de danse et d'équitation. » Tu en faisais depuis que tu étais toute petite.

Comme il était sincère avec toi, tu désirais lui rendre la pareille et donc de lui révéler ton prénom. Tu te redressas donc et plongeas ton regard dans le sien. « J'ai un secret à vous dire. » Tu approchas doucement ton visage du sien, déposant un baiser sur sa joue avant de venir nicher ta tête près de son oreille pour lui murmurer. « Mon véritable prénom est Phoebe... Mais ça devra rester entre nous. » Tu te reculas, gardant tout de même une certaine proximité entre vous, et tu lui offris un clin d'oeil.

Tu lui avais dit ton prénom, car tu lui faisais confiance. Du moins, c'était aussi une façon de le remercier de te traiter comme un être humain et non pas seulement un objet. Il le complimenta, d'ailleurs, et te promit de garder ton secret. Après tout, si tu utilisais un nom de scène, c'était bien parce que tu ne voulais pas que tout le monde le sache. « Merci. » Tu l'observas ensuite s'installer contre la tête de lit, un oreiller dans son dos. Il garda l'autre pour toi, apparemment, puisqu'il tapota le matelas et t'invita. Sans hésitation, tu vins t'installer à ses côtés. Ta tête trouva bien rapidement appuie sur son épaule alors que ta main se posa sur la cuisse de Ian. Sans intention. Sans séduction. « Pourquoi êtes-vous venu aujourd'hui? » En fait, tu désirais surtout comprendre pourquoi il ne voulait pas faire ce que les autres clients feraient habituellement une fois à l'étage. Bon, d'accord. Il respectait les femmes, c'était une noble qualité, mais il allait devoir payer un supplément simplement pour rester assis, là, avec toi. Tu te sentais presque coupable dans cette histoire.