Aujourd'hui, le stresse était palpable. Chaques épaules du bataillon d'exploration étaient écrasées par la nervosité et l’appréhension de la mission à venir. La journée avait été terriblement longue et épuisante. Ça fait mal ce genre d'atmosphère, le moral a été salement amoché. Tu soupires, lourdement, venant manuellement faire craquer tes vertèbres. Cela t'arrache un puissant grognement qui résonne dans les ruelles vides de Karanes. Toujours aussi calme ici...En balade, à pieds pour une fois, mais toujours vêtu de ton uniforme, tu marches vers la grande muraille que tu longes une dizaine de minutes avant de passer par une allée étroite pour rejoindre le centre. C'est là que tu l’aperçois, à quelque mètres, un cavalier, un peu trop avachi sur sa monture, trotte vers toi. L'emblème du bataillon trônant sur son buste ne t'échappe pas et alors que tu t'apprêtes à lui faire signe, tu comprends que le cheval, lui, n'a pas l'intention de s’arrêter. Tu t'y connais en carne et sans trembler, te saisis de son harnais pour l’arrêter net.

▬ Hoh. Shh. Doucement.

Sourcil arqué, caressant le museau du cheval en lui chuchotant des "Shh, mon tout beau" tu fixes le soldat.

▬ Tu cherches a blesser quelqu'un ou quoi?

Tu restes quelque instant sceptique, puis elle se redresse. Tu penses l'avoir déjà vu, cette nana. Puis en plissant légèrement les yeux, en te concentrant deux secondes, en analysant ses traits, ça te frappe.

▬ Ah, mais oui !

Oui. Ah. , que tu rugis en la pointant de la main, tout surpris de la reconnaitre enfaite. C'est que tu ne connais pas l'intégralité des soldats du bataillon d'exploration, faut pas déconner non plus, mais les visages des survivants, de ceux qui arrivent à survivre plus de deux ans de suite, ça marque. Et cette jeune femme ne fait pas exception. Son nom par contre, tu repasseras... Mais qui sait, peut-être que tu peux jouer à Qui est-ce? avec elle ? Alors sans plus tarder tu lui adresses un sourire charmeur, continuant de cajoler le museau de son cheval.

▬ T'es originaire de Karanes eh ! Moi aussi. Allez, t’habite où ma belle, que j'te raccompagne chez toi. Avant que tu n'écrases des innocents.

Et tu lui balances un clin d’œil en ricanant, tout taquin, saisissant les rennes de son canasson.

Elle descend de son cheval et prend les devants. Prêt de la boulangerie qu'elle te dit. Tu vois très bien où c'est. Ce n'est pas particulièrement loin, en a peine dix minutes vous y êtes.

Mais arf cette boulangerie... elle t'ouvre l’appétit rien que d'y penser... non parce que... ses brioches et ses croissants...aïe... une tuerie... et puis ça fait longtemps quoi... tu vas peut-être craquer.  Bon, évidement, sur le coup, tu ne cherches pas plus à t'imposer auprès d'elle et recules de quelques pas. Cependant tu ne rates pas sa petite pique subtile et lui adresses un énième de tes sourires, joueur cette fois.

▬ M'écraser ? J'aimerais bien voir ça tiens.

Puis elle part devant, et tu la suis, amusé. Nonchalant tu viens mettre tes mains dans tes poches et l'accompagne donc jusqu’à chez elle.

▬ Vue comment t'as piqué du nez sur ton canasson, crois moi, vaut mieux que je reste à coté. De plus - ! Que tu lances en trottinant en la doublant pour t'imposer en tant que guide. Je connais ce district comme ma poche Et...Parler de la grande boulangerie..ça m'a donner les crocs alors...

Tu ris, tout simplement.

▬ Autant que je t'accompagne.

Elle lâche pas l'affaire et t'aime ça. Ça te détend ce genre d'interaction anodine, celles qui s’enchaînent naturellement, sans accroche, sans jugement. Alors sans pression, un autre ricanement s’échappe de tes lèvres. C'est léger, tout petit, mais après coup, tu soupires un peu. C'est que malgré les apparences, tu as aussi de la tension dans le cou et les épaules ; comme tout le monde. Alors t'essayes d'évacuer le stresse comme tu peux. Tu fais genre, parce que tu fais toujours genre enfaîte, mais le tragique événement passé et la mission à venir t'ont pas mal fait stressé. Tu gères peut-être un chouilla mieux le bordel que la plupart des gens... mais ça ne t'empêche pas d'être tendu. Urgh. Vivement les brioches.

Puis ça continue de discuter avec aisance, comme si vous vous connaissiez depuis des années ( ce qui, indirectement, est un peu le cas, parceque vous êtes collègues de boulot mais passons)

▬ C'est Hartmann. Ezechiel Hartmann. Et toi ça doit être- … Putain y'a Janet qui te vient en tête, mais t'es presque sûr à 66% que Janet c'est la nana de la Garnison avec qui t'es rester pas moins de trois mois... Peut-être Pascale. Avec en E. Non. Merde tu dis vraiment n'importe quoi, Pascale c'est la fille des bains publics... Rien à voir, mais elle est rousse aussi alors... Non non... Ça commence par un C... ou un K. Catherine ? Cathy ? Allez. Qui ne tente rien n'a rien. Main vers elle, la déshabillant du regard, prenant ton air le plus confiant, tu te jettes à l'eau.

▬ Kamila...Heimstey … ? Bon pour l'assurance on repassera parcequ'avec le nom t'es plus trop vraiment sûr...maiiiis, ça passe non ? Au moins t'as tenté un truc.

▬ Des cookies ? Et les meilleurs du monde en plus de ça ? Hoho. Si on se connaissais un peu plus je dirais que t'es entrain d'essayer de me dragueur là. Tu t'approches, venant chuchoter à son oreille. Et j'aime ça. Puis tu t'éloignes, content de toi, prenant un peu les devants vers la fameuse boulangerie. T'as vraiment faim.

▬ Karhlya mais oui bien sûr ! Non c'est faux tu te rappelle pas vraiment d'elle. Enfin, c'est rien de personnel hein, vraiment. T'en connais du monde. Des gens avec des visages clairs et d'autres qui sont un peu plus flou. Mais là... Bon ok, son nom te dit vaguement quelque chose. Elle doit être dans l’escouade de Hodgen ou un truc comme ça. Tu vas faire genre tu te rappelle vraiment, juste... histoire de pas trop passer pour un connard devant une nana qui elle, à "presque" retenu ton nom.

Tu continues de marcher, devant. Parfois, tu te retournes, à reculons, et tu l'observes. Curieux et parce que t'as envie de couvrir les futurs gargouillements bruyants ainsi qu'un possible silence relou, tu enchaînes.

▬ Ça va? Tu te remets de la chute du mur d'Odelia?