Tu avais les nerfs à vif, ces derniers temps. La charge imposée par ton grade pesait lourd, mais tu supportais, en revanche, tu avais du mal à encaisser tous les événements annexes. Odélia par exemple, ou encore Karanes. Surtout Karanes, en réalité. Tu avais l’impression que tout s’était déroulé sous tes yeux sans que tu ne puisses rien y faire et ça te donner envie de … frapper. De cogner de toutes tes forces, et d’y mettre toute ton énergie. C’est sur un sac de sable – dieu merci – que tu avais choisi de diriger toute ta colère, et la frustration que tu ressentais. Tu avais l’impression d’être inutile, de ne pouvoir rien de réellement significatif pour combattre le mal que tu sentais de plus en plus proche, tout autour de toi, dans l’enceinte même de ces murs censés être le dernier rempart de l’humanité que tu avais choisi et juré de protéger.

Un dernier coup, et pas des moindres, tu finis par reculer pour aller t’asseoir contre le mur opposé, retirant les bandages abîmés autour de tes doigts, faisant craquer quelques phalanges, puis quelques vertèbres. Tu venais de passer une bonne heure ici, et tu ne t’arrêtais que parce que tu commençais à avoir faim, tu pouvais continuer, de l’énergie, tu en avais encore mais il aurait été aussi dommage que fâcheux de t’épuiser à cent pour cent. Qui sait ce qui pouvait se passer maintenant, à n’importe quel moment de la journée ? Tu étais méfiante. Toujours à l’affut. Toujours prête, ou presque.