Matinée

Une bonne dizaine de jours étaient passés depuis que Béryl fit la rencontre de Sawyer. Elle n’avait bien évidemment pas eu de nouvelles, mais elle guettait toujours du coin de l’œil l’arrivée de cet homme qui avait, en seulement quelques heures, changer sa perception des relations humaines.

Béryl aujourd’hui, c’était levé aux aurores. Elle avait eu une permission de deux jours et comptait bien en profiter. Elle avait voyagé, pendant plusieurs heures à dos de cheval, pour rejoindre le district de Stohess.

Déjà, elle voulait rejoindre Stohess. Il y avait une boutique plutôt bien cotée, dont elle avait entendu parler de par des compagnons. Des vêtements beaux, résistants et pas trop chers pour la qualité.

Et la demoiselle avait désespérément besoin de nouveau vêtements, vêtements de ville et vêtements adéquat pour la manœuvre tridimensionnelle. Les siens commençait à s’abimer.
Heureusement, elle n’avait pas beaucoup changé corporellement ces dernières années. La taille ne poserait pas de problème.

Ça c’était la version officielle qu’elle avait dit à ses supérieurs et tout ceux qui lui demandaient. Elle avait répondu la plupart du temps, dans un ton froid, pour qu’on ne lui pose pas trop de question.

La vérité, c’est qu’elle espérait secrètement voir Sawyer. Elle s’était surprise à se faire des films sur leurs retrouvailles. Mais elle fit taire rapidement. Inutile disait-elle.

Elle avait donc pris la route, de Karanes à Stohess, ce matin, et y était arrivée en fin de matinée. Elle avait posé son cheval dans une écurie pour qu’il se repose, et elle avait commencé à arpenter la ville, à la recherche de Sawyer cette boutique dont on lui avait parlé.

Quand soudain….

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

chien

Elle avait marché quelques temps avant de trouver la rue marchande. Pleine de vie, Béryl ne savait trop où poser les yeux. Si elle avait pu, elle aurait acheté beaucoup plus de choses que necessaire. Mais la voix de la raison l’avait emporté, et elle se contenta de toucher avec les yeux.
Un peu la tête dans les nuages, à penser boulot un jour de permission, qu’elle esquiva presque par réflexe un chien qui courrait à vive allure. Elle ne put s’empêcher de sourire avant de continuer à faire quelques pas.
Elle fut vite arrêtée par un homme qui manqua de lui rentrer dedans. Son cœur fit un bond démesuré, même si elle avait espéré le voir, elle n’avait pas pensé le croiser et encore moins de cette façon.
Sawyer

« Oh… »

Lâcha-t-elle, surprise mais moins que lui de toute évidence.
Il se souvenait d’elle ! Elle pouvait donc rayer un des films qu’elle s’était faite -celui où il ne la reconnaitrait pas. -

« B-bonjour »

Elle posa ses yeux sur lui, le détaillant. « Il n’a pas changé » se dit-elle, bêtement. Dans un sourire, elle le trouva affreusement mignon, totalement différent de ce qu’il dégageait lors de leur précédente rencontre. Elle se lissa les cheveux, qu’elle avait laissés lâchés, d’une main.

« Est-ce que ça va aller ? »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Appâter


Sans réfléchir, elle s’était laissée entrainer dans cette course poursuite qui opposait donc Sawyer, membre des Brigades Spéciales, homme grand ayant suivi un entrainement rigoureux et qui probablement avait servi la famille royale, à un petit caniche qui de loin, paraissait moche. Elle ne commenta pas. Un sourire d’abord, franc, et grand marqua son visage, puis un rire sortir de ses lèvres. Elle saisit le rythme de course de Sawyer plus rapidement qu’elle ne le pensait, mais c’était un peu trop vite pour elle. Si elle avait su, elle aurait mis de meilleures chaussures. Quoi que même pas. Pas sûre d’en avoir des meilleures que ses bottes.

Un peu maladroitement, elle essaya d’esquiver les personnes qui faisaient les boutiques sans que Sawyer n’aie l’occasion de lui lâcher le bras.

Elle voyait qu’ils rattrapaient le cabot au bout d’un certain temps, mais elle sentait aussi qu’elle se fatiguait, elle n’osa pas penser comment lui se sentait.

« Il y a d’autres moyens d’appâter un chien que de lui courir après ! »

Lâcha-t-elle d’une traite. Elle vit que le chien regardait derrière lui, la langue dehors, les yeux vifs. Et c’était avec un sentiment de mépris qu’elle réalisa qu’il était plus joueur que peureux.
Alors, sans crier gare, elle tira Sawyer dans une ruelle, hors de la vue du clebs, et arrêta la course, à bout de souffle.

« Il…. Il jouait…. Il faut….. de la … viande…. »

Elle pencha un peu la tête en arrière comme si ça l’aidait à reprendre son souffle.

« Je vais vous aider… enfin… t’aider… enfin…. »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Truite


Elle secoua la tête. Elle n’avait aucune idée du prix de la viande mais bon. Ça ne devait pas être si terrible que ça, si ?

Elle secoua la tête une seconde fois, s’installant à côté de lui. Les carottes ? Euh…

« A vrai dire, je ne sais pas, je ne pense pas. Mais j’ai ça. »

Elle sortit de sa sacoche le morceau de pain qu’elle avait prévu pour son repas du midi et un morceau de truite séchée. Elle le posa sur le sac, à côté.

« Ça pourrait servir, et dans le pire des cas, j’irais acheter un bout de viscères ou je sais pas. C’est de ma faute si tu ne lui cours plus après.»

Elle releva la tête, établissant un plan d’attaque.

« Il y a deux solutions avec le plus de probabilités. Soit il revient, demandant plus de jeux, soit il a continué sur sa route et il s’est dirigé plus loin, là où il y a moins d’odeurs. Les chiens sont plus ou moins tous les mêmes, je crois…»

Doucement la gêne prit le dessus, qu’est-ce qu’il lui prenait, elle le dérangeait dans son travail, et en plus l’accaparait. Bien sûr elle était contente de le voir, mais est-ce que cela justifiait ces gestes ?

Aïe Aïe Aïe

« Désolée… »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Morue

Ravie de voir que la technique de l’appât avait fonctionné, Béryl lui adressa un sourire. Ce chien était tout de suite moins moche, dans les bras de Sawyer. Elle ne le dira pas.

Elle fut d’autant plus ravie quand il l’invita à déjeuner, déjà parce qu’elle ne s’y attendait pas, mais en plus car cela voulait dire qu’elle pourrait passer plus de temps avec lui, aujourd’hui.

« D’accord. Mais… Je ne veux pas te déranger dans ton travail. Tu dois avoir des choses plus importantes que t’occuper de moi ahah… »

Elle lâcha un petit rire gêné. Même si elle avait une envie folle de jarter le chien et de se mettre à sa place pour suivre Sawyer partout, la voix de la raison l’emporta.

« Je reste dans le coin jusqu’à demain matin. Dans le pire des cas, on pourra peut-être se voir aussi… plus tard ? »

Elle gratouilla la tête du chien tout en lâchant à Sawyer un petit regard interrogatif.

« J’imagine que ce chien appartient à quelqu’un… On le ramène ? Je resterais discrète, si besoin est. »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Main

Elle se sent toute petite sous son regard mais elle laisse un sourire marquer ses lèvres. Pourtant, il affiche cette expression, qui retourna le ventre de Béryl. Elle ne savait que dire.

Doucement, sa main effleure le bras de Sawyer, elle remonte, avec délicatesse, pour retrouver celle qui lui tient le menton. Alors elle se glisse entre ses doigts froids, serre un peu et les amène doucement vers sa joue rosée.

« D’accord. »

Une réponse simple, et qui pourtant signifiait tellement de choses. Elle presse un peu plus sa paume, comme si elle pouvait lui transmettre un peu de sa propre chaleur.

Si elle avait eu un pouvoir, ça aurait été celui d’arrêter le temps, à ce moment précis.

Le caniche aboya, les sortant de leur bulle. Elle descend les mains et plante son regard dans la prunelle ambrée.

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Main

Plus étonnée que blessée, elle le laisse se reculer, et retirer sa main. Maudissant intérieurement ce petit être de chien qu’il porte, elle prend les devant pour sortir de la ruelle, mais le laisse la guider pour la suite. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle marche en silence, en glissant ses bras sans son dos, joignant ses mains. Elle repasse en tête les souvenir de ce qu’elle vient de faire. Qu’est-ce qui lui avait pris. Elle n’avait jamais fait ça.  Peut-être devait-elle s’en excuser, était-ce une erreur ? devait-elle demander une explication à son retrait ? Elle ne le savait pas, et pourtant c’est sur la première option qu’elle se pencha.

Ils marchèrent un petit temps, avant qu’elle n’appose des mots sur ce qu’elle voulait dire. Elle n’avait pas envie de mentir.

« Je n’ai….. Jamais fais ça… Dans la ruelle….  Je ne sais pas ce qu’il m’a pris… J’avais juste, envie mais… Si je vais trop loin, dis-le-moi. Car… »

Elle fit une petite pose, sans trouver de réels mots ou même sans avoir envie de nommer ces sentiments, nouveaux et forts.

« Car je ne sais pas. »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Main

Etrangement heureuse que la bête retourne chez sa mère, Béryl sent néanmoins son cœur qui se seryd’une manière moins agréable que ce qu’elle avait connu alors. Il souffle. Est-ce qu’elle l’ennuyait ? Pourquoi lui posait-il cette question ?

Elle gesticula, mal à l’aise. Est-ce qu’elle allait sortir toutes ses réflexions des jours passés comme ça ?
Pourtant elle mit un nouveau temps à trouver ses mots. Elle ne voulait pas paraitre brut de décoffrage, elle ne voulait pas l’effrayer autant qu’elle avait peur finalement. Elle s'installe à côté de lui, sur le muret à une distance raisonnable, les yeux devant elle.

« Il y a… des choses que je ne comprends pas. Ce matin encore, j’espérais juste te croiser, non, juste t’apercevoir de loin le temps que je fasse mes emplettes. J’y ai pensé tout le trajet. La vérité, c’est que je ne peux pas te répondre, je ne sais pas ce que je veux de toi, et je ne sais pas non plus ce que tu veux de moi. »

Elle penche la tête en arrière.

« J’ai appris qu’une mission en extérieur se préparait et… la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était de te voir. Et je ne savais pas quand tu allais venir, je ne voulais pas que … tu ne trouves personne à ton arrivée… Je ne peux pas expliquer moi-même, et je ne comprends pas. Pourtant c’est ça, cette pensée de ne pas te revoir qui me pousse à faire toujours des choses plus incompréhensibles et irréfléchies. »

« Alors ce que je voudrais de toi… »

Elle se tourne légèrement vers lui, les joues cramoisies.

« C’est peut-être que nous passions simplement du temps ensemble, à nous laisser aller au gré de ce que nous ressentons, à faire ce que nous avons envie… A commencer par ce déjeuner. »

Elle détourne les yeux une fois de plus.

« Ça veut aussi dire que, tout peut s’arrêter, si l’un de nous le décide. Ça me fait moins peur comme ça, je t’avoue. »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Coeur

«Oh… »

Après avoir fait des centaines de bonds, le cœur de Béryl s’effrita un peu. Probablement plus qu’un peu, car ses yeux s’embuèrent d’un coup.

«Oh…  Je vois.»

Sa voix tremble.

«Qu’est-ce qui m’a prit… »

A cet instant précis, elle aurait préféré mourir dans la gueule d’un Titan. Ils étaient bien moins effrayants que le vide qu’elle pouvait ressentir d’un coup.

« Je suis désolée. »

Alors si c’était la dernière fois qu’elle le voyait, autant faire bonne impression au moins. Elle essuie d’un revers de main rapide ses yeux bien trop pleins. Pourtant elle ne se lève pas. Elle ne bouge pas.

« Oublie ça… Je… »

Me sens pathétique d’avoir dit tout ça..

Bien sûr que non, il n’oublierait pas qu’une psychopathe avait fait je ne sais pas combien de temps de route pour juste « l’apercevoir », qu’elle allait bientôt crever de toute façon.
Et pourtant, pourtant. Elle ne bouge pas toujours pas, elle ne le regarde pas non plus (il ne fallait pas qu’il voit ses yeux, mais elle se redresse, bien que sa voix tremble encore un peu.

« Je crois que je peux comprendre ça. Et je le respecte. »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Mensonge

D’abord la surprise, puis la douleur. Ses mots l’avaient réconfortée un peu sur le coup, mais son geste l’acheva.
Elle se sentait misérable.

«Je ne suis pas…. Si … blessée que ça… »

Et pourtant, elle met ses mains sur son visage et se retourne pour enfouir sa tête contre le torse de Sawyer. Seul le mouvement non harmonique de ses épaules pouvait indiquer qu’elle pleurait, pas de sons. Elle lâcha des larmes pour tout, toutes les larmes qu’elle avait pu retenir depuis longtemps.
Elle ne saurait dire combien de temps ils étaient rester ainsi -pas trop longtemps néanmoins. Elle se recule ensuite, un peu, toujours dans ses bras. Heureusement, elle n’avait pas mouillé son vêtement de travail.

«Ca fait partie de la vie… Et je t’en remercie. »

Elle lui adresse tant bien que mal un sourire simple. C’était sincère. Elle n’aurait probablement pas pu vivre quelque chose comme ça s’il n’était pas arrivé, ce soir-là, à cette fontaine.

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Mensonge

C’était compliqué à imaginer pour Béryl, qui souvent avait des sentiments simples, axé vers une unique réponse.

El là, il se contredisait, pourtant, elle le comprenait en un sens.

Elle avait envie de rester avec lui, autant qu’elle frissonnait sous ses doigts.

« D’accord. »

Répondit-elle à voix basse, comme pour faire écho à plus tôt. Mais cette fois-ci, elle se donnait, véritablement, même si lui le comprendrait pas ainsi.

Elle se mords une lèvre, Qu’est-ce qu’elle aurait aimé l’embrasser, là tout de suite, devant les gens qui passaient non loin d’eux, elle s’en fichait.

Mais elle ne le ferait pas, de peur du « trop ».

Elle se risque à un contact, elle dépose sa main un peu plus fraîche sur la joue de Sawyer, le caressant timidement. Et ne fait pas pas plus.

Elle ferme les yeux.

« Tout va bien... »

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Mensonge


« Oh… »

Elle en eut le souffle coupé, elle ne s’attendait pas à ça. Et à vrai dire, elle ne savait pas comment réagir.

Alors elle descend ses mains dans le dos de Sawyer, et elle le serre, fort. Plus fort que ce qu’elle avait pu faire à quelqu’un un jour, sans le blesser évidemment.

« Je te comprends mieux… »

Et puis, elle se recule un peu, pour lui faire face, bien plus sûre d’elle que quelques minutes auparavant.

« Et je ne suis pas cette femme... »

Elle lui avait parlé d’une voix douce, qu’elle-même ne connaissait pas. Un sourire tout aussi doux l’accompagnait.

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando

Son propre prénom était encore différent à travers ses lèvres, elle aurait voulu répondre, quelque chose, n’importe quoi.
Elle frissonne une nouvelle fois sous ses gestes, plus fort, plus longtemps. Et c’est avec surprise qu’elle lui rend son baiser, un peu maladroitement. Pourtant elle s’adapte, apprend, et est presque déçue qu’il cesse si vite.

Alors elle se redresse un peu, rapidement, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle, et l’attire vers lui sans un mot pour coller une nouvelle fois ses lèvres aux siennes.
Autant elle avait faim, mais cette faim là ne s’assouvissait pas. Elle mit tous ses sentiments dans son baiser, aussi passionnel, aussi étourdissant, aussi unique qu’elle pouvait lui donner. Ses mains se glissèrent derrière son cou, et elle l’attira un peu plus vers elle collant son corps au sien.
C’est avec une légère confusion qu’elle rompit à son tour le baiser, à bout de souffle.

Alors elle se recule un peu.
Alors elle le regarde, les yeux brillants.


-> l'embrasser avec tout autant de fougue.

Le plus beau voyage, c'est celui qu'on fait l'un vers l'autre.

Pando